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Une Prune à l'Anis
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9 mai 2012

ne rien renier …

C’était il y a 5 semaines …. j’ai l’impression que ça fait des mois … j’ai l’impression que c’était hier. Il m’arrive encore de me réveiller le matin avec l’espoir fou de sortir d’un horrible cauchemar … je caresse mon ventre et la réalité me rattrape. Tu n’es plus là, il ne se passe pas un jour sans que mes yeux ne se remplissent de larmes, pas un jour où je culpabilise , pas un jour où je ne revis ce jour horrible et où j’essaye de comprendre ce qui s’est passé. les mots “transfusion foeto maternelle” dansent en permanence dans ma tête comme ton sang qui j’imagine continue à se mêler au mien.

La vie a repris son cours …. pour les autres! Personnellement j’ai le sentiment de stagner au 11 avril. Je réfléchis aux évènements passés en me disant “là c’était avant, là on était encore à 100% heureux”. Les enfants ont repris le chemin de l’école et moi avec … je retourne sur ces lieux que j’avais quitté avant les vacances avec un ventre rond et le sourire. Hier des mamans inconnues me souriaient, me demandaient si j’étais pas fatiguée, pour quand c’était prévu … aujourd’hui les regards se baissent, se font fuyant, on n’ose rien me dire …. j’encaisse comme je peux, j’essaie de relever la tête pour les enfants, je m’appuie quotidiennement sur ces amies fidèles qui me maintiennent hors de l’eau.
Chaque jour je comprend un peu plus la maxime “c’est dans l’épreuve qu’on compte ses véritables amis” … dans mon chaos depuis 5 semaines, il y a les amis véritables qui étaient là avant et qui sont toujours là, il y a ces personnes qui se sont révélés être des amis sincères, des personnes rencontrés ici et là, dans la vraie vie ou en virtuel et dont les mails et les mots me réchauffent le cœur …. puis il y a les autres. Parmi ces derniers il y a ceux qui s’étonneront de ne plus m’entendre ….et ceux qui ne s’en rendront même pas compte! L’amitié ne se mesure pas à la quantité mais à la qualité.
Chaque jour je comprend un peu plus les réactions des personnes endeuillés et je me retiens de ne pas crier ma douleur et ma colère. Puis parfois elle sort, les larmes avec. des amies les essuient patiemment, et discrètement elles refoulent les leur.

Les bonnes intentions veulent me changer les idées, éviter d’en parler, pensent qu’il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie … mais ne rien dire, ne pas en parler, ne plus l’appeler, ne pas oser dire son prénom c’est renier ma vie pendant 8 mois, c’est le faire mourir une 2e fois. Lysandre a partagé ma vie, notre vie pendant 8 mois et 1 semaine, j’ai senti la vie dans mon ventre, vous avez vu mon ventre s’arrondir et bouger sous ses coups. Alors pourquoi aujourd’hui faire comme si rien ne s’était passé? Je sais d’avance qu’on ne l’oubliera pas, il fait parti de notre famille, il a sa place dans notre vie, essayez de lui laisser une petite place dans la votre.

On n’ose pas nous déranger, on n’ose pas appeler, pas passer le pas de la porte …. et nous on se sent mis de côté, on a l’impression que nos larmes dérangent, que notre chagrin gêne, que notre malheur est peut être contagieux. j’ai lu dans une brochure sur le deuil que les personnes endeuillés étaient des handicapé affectifs … c’est tellement vrai! on se sent amputé d’une part de nous même, on se sent moins vivant et on a besoin de contact, de chaleur humaine pour nous prouver qu’on vit encore. Une amie m’a dit “tu as perdu ton sourire et une partie de ton innocence” … oui quand on perd un être cher et d’autant plus un petit enfant on prend conscience de la fragilité de la vie, de la magie de la vie comme de son impuissance face à la mort.

Depuis 5 semaines aujourd'hui, je survis plus que je ne vis … j’arrive à ne pas y penser pendant quelques minutes, parfois pendant 1h même … puis un geste, une pensée, un objet, une phrase me replonge dans l’absence. Les 1eres fois devant ma machine à coudre j’ai plus pleuré qu’assemblé du tissus. Devant ma Mac j’ai réalisé que les fois d’avant mon ventre touchait la table, que ce cortège que je réalise je l’ai commencé avec Lysandre et je le finis seule … je touche ce tissus acheté pour lui, ce tour de lit qu’il n’a jamais vu, ces brassières qui resteront dans un pochon. Quand je vois le tissus du cortège, je repense à cette brassière cousue dans les chutes pour faire une surprise au marié qui devait être son parrain.

Curieux mélange de culpabilité qui nous envahi, envie de s’allonger dans le noir et de ne plus penser à rien, envie de sourire et ne pas y arriver, sourire et le regretter, sourire et culpabiliser de continuer à vivre sans lui … penser à l’avenir, revoir les projet à 5 au lieu de 6, ranger le peu de choses qui témoignent de sa présence, parler d’un 5e enfant, avoir le sentiment de l’oublier déjà, avoir peur de ne pas y arriver.

Laissez nous le pleurer, Laissez nous pleurer sur vos épaules … et grâce à vous on va se relever. Pas l’oublier, juste apprendre à vivre sans lui et se donner le droit d’être heureux quand même, avec vous. 

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extrait de “Repères pour vous, parents en deuil” édité par la fondation de France et diffusé par l’association Sparadrap et l’association “Naitre et Vivre”

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Commentaires
C
Je découvre ce blog, arrivant de chez madame Macadam et Macaron.Juste un petit message pour vous dire combien vos mots me touchent, combien votre espérance est belle. Merci de nous partager tout cela, quel courage...
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L
Je suis si triste de lire ces lignes ...<br /> <br /> Les gens ne se rendent pas compte de ce que tu vis, et cette ignorance, indifférence est si difficile à gérer par ceux qui restent ...<br /> <br /> Je te souhaite vraiment plein de courage pour ces jours, mois, années à venir !
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M
puis-je me permettre de dire que l'on oublie jamais.. même si; et je vous le souhaite si c'est votre souhait d'en avoir un 5ème.. il reste et resteras avec vous, dans votre histoire, dans vos coeurs.. pour toujours... (8 ans et je repense toujours à elle, le 12 juin et à chaque Noël,une fleur et une bougie signale sa présence !)...1000 pensées vous accompagnent..
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