9 ans de silence

9 ans … si long et si court. J’ai l’impression que c’était hier qu’on t’arrachait à mes entrailles, petit être si calme. Tu n’as pas fait de bruit, tu as vécu tes 4h petites heures de vie sur notre terre dans la froideur d’une couveuse, dans le silence des machines.

Nos cœurs de parents sont à jamais meurtris par ton passage éclair dans nos vies. Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant ce 11 avril 2012. Nous regardons et analysons peut-être la vie avec moins de légèreté.

Très vite j’ai dit qu’on allait se relever et continuer à vivre … car il y avait 3 autres enfants, qui certes avaient perdus leur petit frère et au passage une partie de leur innocence d’enfance, mais qui avaient le droit de grandir dans la chaleur des bras de leurs parents, de vivre leur vie d’enfant avec légèreté. Et puis … et puis on est des mammifères …. Et comme de tout temps ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort !

Aujourd’hui, l’injustice de ton envol, le désespoir, la rage, l’incompréhension sont digérés. Aujourd’hui nous sommes plus fort grâce à lui. La maturité (de l’âge peut être … de la vie sûrement) me fait souvent dire qu’il faut analyser chaque épreuve et en voir l’évolution.

Alors je ne dis pas que je pense à lui de façon légère et qu’on a tourné la page… les larmes sont toujours présentes (surtout aux dates anniversaires #11avrilforever), mon cœur se rétracte toujours un peu quand je parle de lui, et il saute toujours un battement si j’entend son doux prénom. Jusqu’à mon dernier souffle je dirai que j’ai eu 6 enfants, jusqu’à mon dernier souffle je parlerai de toi, mon petit 4e.

Mais aujourd’hui, je dis juste que j’essaie chaque jour de faire un pas en avant et de profiter du temps qu’il m’est offert sur la terre en attendant de le retrouver pour l’éternité.

Je dis juste que je suis somme toute heureuse et comblée d’avoir dans ma vie n°5 et n°6. Ils ne comblent pas le vide, ils l’entourent.

Je dis juste que je ne serai pas la femme que je suis, la professionnelle que je suis, si nous n’avions pas connu ce drame, qui a vu par la suite la naissance de n°5, qui lui nous a fait découvrir la néonatalogie et rencontrer des professionnelles extraordinaires dont cette AP dont je retiendrai à jamais son prénom et qui a guidée ma voie professionnelle (merci C.).

La vie peut être une belle salope qui nous met des épreuves en travers de notre petite vie qu’on pensait toute rectiligne.

La vie est parfois une belle salope dont l’enseignement principal est la résilience.

Aujourd’hui, 9 ans après ce terrible silence que tu as mis dans nos vies, je suis capable de dire qu’il faut essayer d’être heureux, que ça vaut le coup … tout simplement.